Long, effilé, cylindrique. Voici les caractères physiques de cet étrange outil. Fixé à l'abdomen, l'oviscapte est le prolongement de l'organisme de l'insecte femelle.
Un long tube d'une matière étrange, mi chair mi papier. Au bout, un effeuillage de cette peau rigide, des plis complexes et précis pour mieux mettre en valeur l'appendice sortant.
C'est un objet duveteux composés de deux valves aux allures de deux crochets.
Il pince autant qu'il sécrète.
Foreuse- Pipette- Aiguille.
Tout d'abord un outil, une foreuse par exemple. L'insecte s'en sert pour creuser le sable, le bois ou la terre pour trouver un environnement propice au développement de ses œufs.
Puis pondre. Creuser, trouer, forer. Puis pondre.
C'est un tube de chair, assez souple et chaleureux pour déposer les œufs pondus sans qu'ils ne se cassent. Soudain il se raidit et la chair devient verre, une pipette dans lequel le liquide distillé macère, décante. C'est un liquide précieux qui perle alors le long cet appendice féminin.
Distillat. Sécrétion. Eau de vie.
Eau de vie mais objet de mort. Arme saillante, l'oviscapte se transforme en aiguille, objet délicat et puissant, réparateur et destructeur. Il pique, troue, entaille les œufs des autres femelles. D'un seul coup rapide et sec, il perce la membrane et le liquide s'écoule.
Blessure délicate et absolue.
La semence féminine vient alors recouvrir les jolis restes:
membrane,
petite peau,
bile,
coquille.
Le nid d'une autre comme réceptacle de son liquide précieux et destructeur.
